Lieux de culte à Castelnaud-La-Chapelle : immersion dans le patrimoine religieux du village

Castelnaud-La-Chapelle, comme ses voisines Beynac, La Roque-Gageac ou Domme, est façonné par des siècles où religion et pouvoir se mêlaient. Sur la commune, trois églises principales côtoient plusieurs lieux de mémoire, hérités des grandes heures – et parfois des tourments – de l’histoire religieuse locale.

• Présence attestée de l’église paroissiale dès le XIIIe siècle, liée à l’essor seigneurial du bourg
• Attachement marqué à la culture catholique, malgré la proximité de bastides protestantes (Domme, Sarlat…) pendant les guerres de Religion
• Nombreux chemins de croix et croix de mission ornant routes et places du village

Aucune visite du village n’est complète sans un détour par ces repères, qui se dévoilent à pas feutrés, au fil de ruelles ou sur les chemins de randonnée.

Située à l’entrée sud du village, bien campée sur son éperon, l’église Saint-Michel-Archange est le principal lieu de culte de la commune. Avec sa silhouette trapue et sa façade romane, elle incarne la remarquable austérité des églises rurales périgourdines.

• Construite à partir du XII siècle – ses plus anciens éléments remontent à l’époque romane, même si plusieurs remaniements gothiques se lisent dans la nef et le chœur (voir base Mérimée du Ministère de la Culture).
• Style architectural : nef unique, abside voûtée en cul-de-four, porche sobre, clocher-peigne à une seule baie – typique du sud de la Dordogne.
• Mobilier remarquable : maître-autel en marbre polychrome (fin XVIII s.), statues de saints ruraux (dont Saint-Roch, que l’on invoquait lors des épidémies), et une table de communion d’origine.
• Site classé Monuments historiques depuis 1948.

L’église accueille aujourd’hui les principales cérémonies (messes, mariages, concerts en saison). Sa position en belvédère domine la Vallée de la Dordogne – un emplacement stratégique, jadis voulu autant pour la défense que pour la spiritualité.

Anecdote

La tradition veut que chaque année, lors de la fête de la Saint-Michel (fin septembre), le village organise une procession partant de l’église et sillonnant les hauteurs jusqu’aux calvaires. Le clocheton de l’église sonne alors à toute volée, rassemblant habitants et curieux – un moment privilégié pour découvrir le patrimoine local (source : Bulletin paroissial de 2022, archives diocésaines de Périgueux).

Aux abords sud du village, cachée dans le hameau du Moulin de Caudon, la Chapelle Notre-Dame de Foy est un bijou discret, à la croisée de la foi et de la ruralité.

• Édifiée au XVII siècle par la famille de Caumont, elle servait à la fois d’oratoire privé et de chapelle de passage pour les bateliers de la Dordogne.
• Sacralisée suite à un vœu lors d’une grande crue (1651), elle témoigne d’une piété populaire tournée vers la protection des gens du fleuve.
• Plan rectangulaire, toiture de lauze, petit clocher-mur.

Encore aujourd’hui, une messe y est célébrée annuellement, lors d’un pèlerinage champêtre qui se termine souvent par un pique-nique au bord de l’eau. L’occasion de renouer avec des rituels communautaires typiques du Périgord.

La chapelle n’est pas toujours ouverte, mais il est possible de la découvrir à l’occasion des Journées du Patrimoine (sources : Mérimée, témoignages oraux, collectif du village).

En contrebas du château, le vieux cimetière de Castelnaud-La-Chapelle abrite une petite chapelle funéraire du XIX siècle, souvent oubliée des visiteurs pressés.

• Construction typique des petits édifices du XIX siècle rural : ogives modestes, autel en pierre nue, vitraux simples.
• Lieu de mémoire pour de grandes familles locales (Boëlle, Corbières… dont certains noms figurent sur les plaques commémoratives).
• Point d’observation paisible avec une vue exceptionnelle sur la vallée et le château.

Cet endroit offre une pause méditative, révélant la place importante laissée à la mort et au souvenir dans les petits villages du Périgord. Chaque Toussaint, les familles viennent encore y fleurir les tombes, perpétuant une tradition immuable (source : perigordnoir.com).

Si Castelnaud-La-Chapelle reste marqué par la tradition catholique, il fut aussi, au fil des siècles, un théâtre d’affrontements et de voisinage éphémère avec les communautés protestantes.

• Aucun temple réformé en activité aujourd’hui sur la commune, mais des archives signalent des assemblées secrètes tenues au XVII siècle dans la forêt de Caudon (source : Archives départementales de la Dordogne, fonds Guionie).
• Plusieurs maisons anciennes de la rue du Château ont longtemps gardé des inscriptions ou symboles hugenots, encore visibles sur certaines clés de voûte.
• Proximité de Domme, place forte protestante, qui rayonnait sur les villages voisins au XVI siècle (voir la monographie "Protestantisme en Dordogne", PUF, 2012).

Ce passé religieux compliqué explique les diverses croix et oratoires qui émaillent le bourg, autant de rappels de l’équilibre fragile entre cultes dans l’histoire locale.

Au-delà des églises principales, Castelnaud-La-Chapelle conserve tout un réseau de petits repères religieux publics ou privés, héritage d’une tradition séculaire de piété populaire.

• Trois croix de chemins majeures :
  • la Croix de la Place, devant la mairie (restaurée en 2000),
  • la Croix de La Balme, marquant l’ancien chemin de Domme,
  • la Croix du Pech, dressée près du point le plus haut du village.
• Plusieurs oratoires privés, souvent intégrés à des corps de ferme, ornés de Vierges ou de saints protecteurs des récoltes.
• Un calvaire sculpté du début du XX siècle sur la montée vers le hameau de Milandes.

L’ensemble de ces sites s’intègre à merveille dans une balade à pied à travers les routes secondaires du village, en suivant par exemple le circuit balisé "Sur les traces du vieux Castelnaud" édité par l’Office de Tourisme Sarlat-Périgord Noir.

Chaque été, la paroisse de Castelnaud-La-Chapelle regroupe de nombreux visiteurs et fidèles lors des offices dominicaux (généralement à 11h, confirmer auprès du panneau paroissial ou du site EgliseInfo).

• La Saint-Michel (29 septembre) : processions et animations, parfois suivies d’un marché gourmand sur la place de l’église.
• Journées Européennes du Patrimoine (mi-septembre) : visites guidées et découverte commentée des décors et édifices religieux.
• Pèlerinages ponctuels à Notre-Dame de Foy, souvent organisés par les associations locales.

Pour ceux qui souhaitent simplement admirer l’intérieur de l’église Saint-Michel, les portes sont généralement ouvertes pendant la journée en saison touristique.

• Prévoir 30 min pour l’église Saint-Michel (vue sur la vallée, possibilité de visiter après une balade au château).
• Accès à la chapelle Notre-Dame de Foy à pied ou à vélo depuis le bourg (2 km, petite route ombragée très agréable l’été).
• Le vieux cimetière se rejoint à pied depuis le château (5 min de marche, escaliers raides – attention par temps pluvieux).
• Pour voir l’ensemble des croix, une carte est disponible à l’Office de Tourisme ou en mairie.

Astuce locale : mieux vaut visiter le village en fin de journée, quand la lumière dorée ravive les pierres blondes et que l’on croise souvent un habitant prêt à raconter une anecdote insoupçonnée sur « son » église !

À Castelnaud-La-Chapelle, les églises et lieux de culte ne sont pas que des reliques pour amateurs de vieilles pierres. Ils restent le cœur vivant du village, ancrés dans un quotidien où tradition, mémoire et convivialité font bon ménage. Ces édifices offrent des repères précieux à celles et ceux qui arpentent la vallée, en quête de sens ou simplement de curiosité. Ils invitent à explorer autrement les hameaux du Périgord, à croiser l’histoire et la spiritualité, le silence d’une nef et la joie d’une place de marché.

Pour qui prend le temps d’observer détails, pierres et rituels, chaque lieu révèle une facette différente de Castelnaud-La-Chapelle, petite commune au grand cœur et à la foi discrète mais tenace.