Les connexions historiques de Castelnaud-La-Chapelle avec ses villages voisins

2 mai 2025

Un territoire façonné par les rivalités médiévales

Durant le Moyen Âge, Castelnaud-La-Chapelle, avec son célèbre château fort, était une place stratégique essentielle dans la région de la vallée de la Dordogne. Le bourg se trouvait constamment au cœur des luttes entre la France et l’Angleterre pendant la Guerre de Cent Ans (1337-1453). Mais cet affrontement ne concernait pas seulement Castelnaud : un réseau de forteresses et de châteaux tout autour jouait le même rôle stratégique.

À quelques kilomètres seulement, le château de Beynac, perché sur une falaise vertigineuse, était le grand rival de Castelnaud. Pendant la Guerre de Cent Ans, Beynac soutenait le roi de France alors que Castelnaud était souvent tenu par les Anglais. Cette dualité a marqué la région profondément, avec des batailles fréquentes et un véritable impact sur la vie locale. Les habitants de ces deux villages voisins ont parfois changé d’allégeance, selon les forces en présence.

Plus qu'une guerre entre châteaux, c'était aussi une guerre par procuration qui voyait chaque village voisin de la vallée se positionner. Domme, par exemple, situé à une dizaine de kilomètres, jouait un rôle de place forte française grâce à sa bastide, tandis que Saint-Cyprien servait d’escale commerciale sous les influences fluctuantes des deux couronnes.

Des échanges économiques au cœur de la vallée

Outre les guerres, l’histoire de Castelnaud est intimement liée au commerce, qui a rapproché les villages alentours. On oublie trop souvent que la Dordogne n’était pas seulement un élément défensif, mais aussi une voie de communication cruciale pour le transport de marchandises.

Le commerce des noix, que l’on écrasait dans les moulins pour en tirer une précieuse huile, reliait les communautés. Castelnaud-La-Chapelle bénéficiait de sa position stratégique pour échanger avec d'autres villages comme Envaux ou La Roque-Gageac. À partir du XVIIe siècle, on voit même apparaître des registres de transport fluvial indiquant des cargaisons de bois, de vin et d’huile circulant entre Domme, Castelnaud et même Bergerac, plus en aval du fleuve.

Les marchés des différents villages voisins étaient très populaires : celui de Sarlat, bien sûr, reste le plus connu aujourd’hui, mais dès le Moyen Âge, les habitants de Castelnaud fréquentaient aussi ceux de Saint-Cyprien et de Belvès. Ces échanges tissaient une toile économique et sociale qui perdure encore aujourd’hui.

Des alliances religieuses et culturelles très anciennes

Il ne faut pas sous-estimer le rôle de la religion dans la construction des liens historiques entre Castelnaud et ses voisins. Par exemple, au XIIIe siècle, l’abbaye de Saint-Cyprien exerçait une influence importante sur une grande partie du Périgord Noir, y compris sur Castelnaud. Les pèlerinages et les réseaux monastiques ont joué un rôle majeur en connectant les communautés.

Autre exemple intéressant : l’église romane de Castelnaud, dédiée à saint Michel, partage de fortes similitudes architecturales avec les édifices religieux des villages environnants. Ce patrimoine commun montre que Castelnaud et ses voisins ont souvent partagé des maçons, des artistes et des influences religieuses.

Enfin, la culture occitane, avec ses troubadours et sa langue, a circulé librement entre les villages. À ce titre, Joseph Rouffignac, célèbre poète occitan du XIXe siècle natif de la région, écrivait avec passion sur la Dordogne et les liens entre ses habitants.

Focus sur les alliances locales : mariage et solidarités

L’un des aspects humains les plus intéressants de l’histoire entre Castelnaud et ses voisins concerne les alliances matrimoniales. Au fil des siècles, les familles se sont souvent unies entre villages pour renforcer des alliances politiques ou économiques. Les registres anciens montrent que les unions entre Castelnaud, Beynac, Domme ou encore Milandes étaient fréquentes.

Ces mariages entre familles de notables ou de paysans participaient à un réseau de solidarité qui se retrouve encore dans les mentalités des habitants. Ce sens de la communauté a permis aux villages de faire face collectivement à des défis comme les famines, les guerres et les épidémies (notamment celle de la peste noire au XIVe siècle).

Des connexions qui s’inscrivent toujours dans le paysage

Aujourd'hui, ces liens historiques se lisent encore dans le paysage du Périgord Noir. Les sentiers de randonnée, comme ceux qui relient Castelnaud à Beynac ou Domme, étaient autrefois des routes commerciales ou militaires. Ces chemins continuent de témoigner des liens ancestraux qui unissaient ces villages.

Plus récemment, les initiatives locales comme le tourisme collaboratif renforcent ces connexions. Les habitants des villages voisins travaillent ensemble pour promouvoir des circuits communs mettant en valeur leur patrimoine. Le projet « Vallée des Châteaux » en est un bel exemple : il invite les visiteurs à découvrir Castelnaud, Beynac, les Milandes et Marqueyssac en une seule boucle.

Vers une redécouverte contemporaine des liens entre villages

En explorant les interactions historiques entre Castelnaud-La-Chapelle et ses voisins, on peut mesurer à quel point ces relations ont façonné l’identité collective du Périgord Noir. Chaque sentier, chaque château raconte une histoire commune qui transcende les simples limites administratives.

Alors, lors de votre prochaine visite dans la région, n’hésitez pas à parcourir ces villages interconnectés. Vous découvrirez ainsi un patrimoine vivant, riche de ses multiples visages, et une solidarité historique qui résonne encore aujourd’hui.

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