Castelnaud-La-Chapelle et ses lieux d’exception en bord de Dordogne

26 juin 2025

Le château de Castelnaud : sentinelle sur la Dordogne

Impossible d’aborder Castelnaud-La-Chapelle sans s’arrêter sur son château, silhouette imposante dominant la rivière. Édifié au XII siècle, le château de Castelnaud a été un témoin stratégique de la rivalité franco-anglaise durant la guerre de Cent Ans. Il offre aujourd’hui une vue à couper le souffle sur la vallée des Cinq Châteaux, et les méandres de la Dordogne qui filent en contrebas. On raconte même que son donjon est le meilleur point pour repérer la brume matinale sur la rivière (source : château de Castelnaud, site officiel).

  • Quelques chiffres : plus de 220 000 visiteurs par an (source : Sarlat Tourisme, 2023), ce qui en fait le château privé le plus visité du Sud-Ouest.
  • Le musée de la guerre au Moyen Âge expose plus de 300 armes et armures originales.
  • Le parc du château se poursuit en surplomb, offrant un panorama sur la Dordogne, le village et les zones humides alentours, refuges d’hérons cendrés et de martins-pêcheurs.

La plage et les guinguettes, rendez-vous d’été sur la berge

En contrebas du village, rive droite, s’étend la plage surveillée de Castelnaud, repère des familles, amateurs de baignade ou kayakistes. Ici, la Dordogne forme un coude paisible sans fort courant, rendant la zone idéale même pour les enfants. En été, les guinguettes locales dressent leurs terrasses sous les arbres, diffusant l’odeur des grillades et la promesse de soirées musicales. C’est un lieu qui rassemble habitants, campeurs et randonneurs cyclistes venus de la Voie Verte.

  • Baignade surveillée en juillet-août (10h30 à 19h00, mairie de Castelnaud-La-Chapelle).
  • Guinguettes et snacks ouverts d’avril à octobre.
  • Départ privilégié pour les balades en canoë vers La Roque-Gageac ou Beynac.

Une petite histoire locale

L’actuelle plage fut, jusqu’au début du XX siècle, le principal embarcadère du village pour les gabares, ces bateaux à fond plat qui descendaient la Dordogne chargés de noix, bois, vins, pains de savon et pierres taillées, jusqu’à Libourne puis Bordeaux (source : Association des Gabarres de Castelnaud).

Le vieux pont, trait d’union et carte postale

Le pont de Castelnaud n’est pas le plus ancien du Périgord Noir – il date de 1920, en remplacement d’un bac à chaîne – mais il reste l’un des passages les plus emblématiques sur la Dordogne dans la région. Sa structure en béton armé à cinq arches (œuvre de Paul Séjourné, célèbre ingénieur) relie le cœur du village à la route menant à Domme.

  • Longueur : 151 mètres
  • Point de vue idéal pour photographier la vallée, notamment au lever ou au coucher du soleil.
  • Traversée cyclable sûre sur la Voie Verte (Sarlat–Cazoulès), partie de la V91 “La Dordogne à vélo”.

Anecdote :

Les habitants l'appellent, souvent avec humour, “le tremplin à oies”, car il fut durant un temps le théâtre d’un concours de plongeon… pour palmipèdes, événement organisé par des étudiants dans les années 1980.

Le bourg et le chemin des berges : l’intimité de la Dordogne

Beaucoup traversent Castelnaud en voiture, toutes fenêtres ouvertes, sans jamais prendre le temps de rejoindre le cœur du village par les sentiers qui longent la rivière. Pourtant, la promenade du chemin des berges, débutant aux abords du pont et menant jusqu’au lavoir et à la cale de Beynac, offre une immersion végétale rare.

  • Itinéraire piéton d’environ 1,5 km, ombragé de frênes et de peupliers, ponctué de bancs et d’anciennes bornes de halage.
  • En saison, on peut y croiser hérons bihoreaux ou castors (observation tôt le matin, selon la LPO Dordogne).
  • Plusieurs maisons troglodytes à mi-parcours, parfois ouvertes à la visite à l’occasion des Journées du Patrimoine.

Les terrasses du Pradel : histoire viticole et vues à 180°

Sur les hauteurs du village, au lieu-dit le Pradel, s’étendent d’anciennes terrasses viticoles réhabilitées dans les années 1990 pour préserver ce patrimoine unique (source : Syndicat d’Initiative de Castelnaud-La-Chapelle). Jadis, le vignoble s’élevait jusqu’aux premières falaises, profitant du soleil et de la chaleur emmagasinées par la roche. Aujourd’hui, ces terrasses accueillent des balades botaniques, des ateliers de taille et de récolte, et offrent surtout une vue exceptionnelle sur la boucle de la Dordogne et les châteaux de Fayrac et Beynac.

  • Vignoble local replanté : sémillon, muscadelle, cabernet franc, cépages traditionnels du Périgord.
  • Rendez-vous annuel : la fête des vendanges, en septembre, avec dégustation et marché de producteurs.

Moulins et vestiges hydrauliques : la Dordogne nourricière

Le long de la rivière, plusieurs sites témoignent de l’usage ancestral de l’eau : le moulin du Sirey, non loin du bourg, converti en habitation, ou le moulin du Pont, dont subsistent les premières arches et la canalisation d’amenée. Jusqu’au XX siècle, on comptait plus de sept moulins sur le seul territoire communal, essentiellement dédiés à la farine et à l’huile de noix. Certains éléments sont aujourd’hui visibles depuis la rivière, notamment en canoë. Petite anecdote : une pierre gravée de 1849, visible à la sortie du bourg, rappelle la grande crue de cette année-là, qui détruisit une partie du système hydraulique du village (source : Archives Départementales de la Dordogne).

Les panoramas rive gauche : Château de Milandes et falaises

Si Castelnaud est une porte d’entrée vers la vallée de la Dordogne, une simple traversée du pont offre une perspective photogénique sur le château des Milandes, demeure de Joséphine Baker, et les falaises calcaires qui cernent la rivière. Depuis le sentier du GR 64, un belvédère naturel permet d’embrasser un paysage de villages alignés sur la rive gauche, dans une atmosphère presque suspendue au-dessus du fleuve.

  • Le château des Milandes, à 2,8 km, se visite toute l’année (plus de 115 000 visiteurs en 2022, château des Milandes).
  • Les falaises sont couvertes d'orchidées sauvages au printemps, connues des botanistes pour leur diversité (plus de 35 espèces référencées selon la Société Botanique du Périgord).

Les ports et cales de gabarres : mémoire de la Dordogne navigable

Castelnaud-La-Chapelle possède deux anciennes cales inscrites à l’Inventaire général du patrimoine : l’une au pied du village, l’autre à la Font-de-Lac. Elles rappellent l’époque où la Dordogne était vivante de dizaines de gabares qui descendaient fruits, vins, et bois, et remontaient sel et épices. Aujourd’hui, les croisières en gabare perpétuent cette tradition, avec plus de 90 000 embarquements par an entre Castelnaud, La Roque-Gageac et Beynac (Office de Tourisme Sarlat).

  • Les guides locaux racontent que les bateliers composaient leurs propres chansons pour rythmer la traversée, parfois reprises lors de festivals estivaux.
  • En juillet, la fête de la Batellerie reconstitue départs et arrivées avec costumes et stands gourmands.

À la découverte du patrimoine caché : églises, fontaines et murs de pêche

Moins visibles lors d’un premier passage, plusieurs trésors ponctuent la rive entre la plage et le vieux village : fontaines à demi enterrées, anciens murs de pêcheurs – ces murets longeant la rive pour y accrocher les lignes –, et l’église Saint-Michel-Archange. Cette dernière, bâtie sur un promontoire à l’écart du flux touristique, conserve des vitraux dédiés aux bateliers, œuvre de l’artiste Gabriel Loire (milieu XX siècle, source : Paroisse du Périgord Noir). La petite chapelle Notre-Dame-des-Champs, au pied de la montagne, est souvent le point final d’une balade au coucher du soleil, avant de redescendre vers le village illuminé.

Pistes pour explorer autrement

  • Prenez la rivière en canoë depuis Castelnaud : permet d’accéder à des portions inaccessibles à pied, d’approcher hérons et martins-pêcheurs.
  • Louez un vélo (nombreux points de location en saison) pour parcourir entre prairies, plages ligériennes et petits villages en connectant la Voie Verte.
  • Participez à une visite nocturne guidée du bourg : un autre regard sur la lumière et les panoramas, sans la foule diurne.
  • Repérez les cormorans et cincles plongeurs sur les galets, en particulier près des anciens affûts de pêche.

Dordogne vivante : une vallée au rythme des saisons

Castelnaud-La-Chapelle n’offre pas seulement un inventaire de monuments ; c’est un ensemble vivant, ancré sur les bords de la Dordogne, où chaque saison renouvelle les couleurs et les usages : la brume blanche du printemps, la douceur des baignades estivales au crépuscule, le ballet des vendanges à l’automne, les villages illuminés en hiver. Que l’on soit résident fidèle ou visiteur curieux, ces lieux emblématiques racontent une histoire : celle d’un village qui regarde la rivière… et qui, en retour, en reçoit sa lumière, ses humeurs et son énergie, jour après jour.

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