Randonnées naturalistes autour de Castelnaud-La-Chapelle : immersion au cœur du Périgord Noir

8 octobre 2025

Explorer les sentiers entre falaises et rivière : le circuit des falaises de la Dordogne

Certainement l’un des itinéraires les plus fascinants pour les amoureux de la nature : la boucle dite “des falaises”, qui relie Castelnaud-La-Chapelle à La Roque-Gageac en suivant les crêtes dominant la vallée de la Dordogne. Longue d’environ 12 km, elle se parcourt en 3h30 (hors pauses d’observation !). Ce chemin, balisé, emprunte d’anciennes drailles de troupeaux qui conduisent à des points de vue spectaculaires sur le fleuve.

  • La faune à observer : Dès les premières hauteurs, ouvrez l’œil pour le faucon pèlerin, nicheur sur les falaises – la Dordogne recense près de 25 couples nicheurs entre Bergerac et sa haute vallée (source : LPO Dordogne). Le matin, il n’est pas rare d’apercevoir aussi la silhouette furtive du chevreuil s’éclipsant dans les taillis. Plus loin, dans la ripisylve (la forêt de rive), écoutez les trilles du loriot d’Europe et du rossignol philomèle, stars sonores du mois de mai.
  • La flore remarquable : Sur les corniches, les pelouses calcaires abritent de petites raretés : orchis pyramidal, ophrys abeille, hélianthème des Apennins ou encore l’iris panaché, visible en mai. Sur les versants les mieux exposés, les genévriers côtoient l’amélanchier, dont les baies nourrissent passereaux et petits mammifères.

À noter : la LPO Aquitaine organise ponctuellement des sorties guidées qui partent du village et explorent ces falaises, avec matériel d’observation et explications sur le comportement des rapaces (voir LPO Dordogne).

Les sentiers forestiers de Pech de Lagrave : royaume des orchidées et des papillons

À moins de 3 km au sud du village, la colline du Pech de Lagrave propose une boucle de 8 km en plein cœur d’un espace classé Natura 2000 (fiches Natura 2000). Ici, la diversité botanique est exceptionnelle du printemps à l’été. Le sentier part du hameau du Caillau (parking sur place).

  • Orchidées sauvages : La région recense une vingtaine d’espèces d’orchidées, parfois concentrées sur quelques dizaines de mètres carrés. Les plus recherchées ? L’ophrys mouche, la platanthère verdâtre et l’orchis parfumé. Les amateurs photographes s’en donnent à cœur joie entre avril et juin (attention, plantes strictement protégées, on ne cueille pas !).
  • Insectes et papillons : Ces pelouses sèches foisonnent de papillons rares : azuré des nerpruns, thècle du prunellier, inachis io… La biodiversité locale est telle que le Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine y mène des comptages réguliers (CEN Nouvelle-Aquitaine).
  • Petites bêtes des bois : Hérissons, lézards verts, rainettes méridionales profitent de cet entrelacs de haies et de vieux murs en pierres sèches.

Anecdote locale : lors du printemps 2023, une population de la rare mante religieuse a été découverte ici lors d’un chantier participatif de réouverture de sentiers, preuve de l’excellente préservation de ce secteur (source : CEN Nouvelle-Aquitaine).

À l’écoute des rivières : balades naturalistes au bord du Céou

Moins connue que la Dordogne, la vallée du Céou est un bijou d’écosystèmes. Son sentier de découverte, accessible depuis la base de loisirs (parking de Castelnaud-Plage), offre 6 km de balade facile sur d’anciens chemins de halage désormais réservés aux randonneurs.

  • Poissons et amphibiens : Les eaux cristallines du Céou accueillent vairons, goujons et truites fario. On y trouve aussi des populations d’écrevisses à pattes blanches, espèce en danger, et plusieurs espèces de batraciens : grenouille agile, crapaud calamite…
  • Oiseaux d’eau : Le cincle plongeur (surnommé “merle d’eau”) bondit de galets en galets à la recherche d’insectes aquatiques. Plus en aval, on peut observer le martin-pêcheur, éclair turquoise filant au ras de l’eau, ou les colonies de bergeronnettes des ruisseaux.
  • La flore rivulaire : Saules blancs, aulnes glutineux et iris jaunes bordent le Céou. En mai-juin, de grandes touffes de joncs et de laîches abritent la ponte de libellules, dont certaines espèces protégées comme la cordulie splendide.

Petit conseil : tôt le matin, la vapeur qui s'élève du Céou révèle parfois la discrète loutre d’Europe, présente même si rarement visible (observée en 2022 par le Groupe Mammalogique et Herpétologique du Limousin).

Randonnée sur les crêtes du Périgord Noir : de Castelnaud à Domme, entre genévriers et rapaces

Pour une immersion prolongée, direction les grands espaces : l’itinéraire Castelnaud-La-Chapelle - Domme (15 km, prévoir la journée). Peu fréquentée, cette longue randonnée alterne combes ombragées et crêtes ventées. Elle est balisée en jaune et suivie chaque printemps par plusieurs clubs locaux.

  • Mammlifères et traces : Outre les chevreuils, les forêts recèlent blaireau, renard roux et, plus rarement, la genette commune (bien installée en Dordogne selon l’ONCFS). Suivez les empreintes dans la boue ou la terre légère.
  • Rapaces en vol : Buses variables, milans noirs et circulent souvent à la recherche de proies. On guette aussi, lors des migrations de printemps et d’automne, le passage de bondrées apivores, amateur de nids de guêpes.
  • Pelouses à orchidées et fruticées : Des milieux en mosaïque, où alternent genévriers, aubépines, buis et cytises. Les friches offrent un abri à la pie-grièche écorcheur, un oiseau devenu rare dans la plupart des régions françaises.

À mi-parcours, la pause sous le chêne de la Croix de Bordeaux (un arbre tricentenaire signalé sur les cartes IGN) est idéale pour l’observation à la jumelle.

Pratique : conseils pour observer sans déranger

Observer la faune et la flore, c’est tout un art qui demande patience et respect. Voici quelques conseils essentiels, issus des recommandations de l’Agence régionale pour la biodiversité Nouvelle-Aquitaine :

  • Restez sur les sentiers balisés pour éviter de piétiner des espèces fragiles.
  • Munissez-vous de jumelles : l’observation à distance dérange beaucoup moins.
  • Silence et discrétion : évitez cris, musique ou animaux non tenus en laisse.
  • Ne cueillez rien : orchidées, mousses, œufs ou fossiles (à Castelnaud même, la cueillette d’orchidées est sanctionnée). Profitez, photographiez, mais ne prélevez pas !
  • Respectez les saisons : certaines zones peuvent être temporairement interdites pour la quiétude des oiseaux nicheurs (panneautage en place par le Parc Naturel Régional).

Focus : initiatives locales pour protéger la biodiversité

La richesse naturelle du secteur de Castelnaud-La-Chapelle n’est pas le fruit du hasard. Depuis plus de 15 ans, de nombreuses actions associatives et communales préservent et mettent en valeur cette biodiversité remarquable :

  • Sorties botaniques et ornithologiques assurées chaque saison par la LPO, la SEPANSO et le CEN Nouvelle-Aquitaine, avec accueil régulier de scolaires et d’habitants.
  • Protection des zones humides : recensement de mares, lutte contre les espèces invasives, restauration de frayères à poissons sur la Dordogne et le Céou (EPTB Dordogne).
  • Mise en valeur des sentiers : signalétique sur la flore endémique, panneaux pour l’écoute des oiseaux, bancs d’observation.
  • Journées citoyennes : chantiers nature (débroussaillage, inventaires faune/flore) chaque printemps et automne, ouverts à tous, souvent relayés dans la presse locale (“Sud Ouest”, “Dordogne Libre”).

Pour aller plus loin : guides, applis et ressources

Pour repérer les itinéraires, identifier une plante rare ou échanger avec des passionnés, pensez à vous équiper :

  • Cartes IGN : Série 2036E “Sarlat-la-Canéda / Domme” et 2037O “Villefranche-du-Périgord”.
  • Applications mobiles : Pl@ntNet pour la flore, Merlin Bird ID pour reconnaître les chants d’oiseaux.
  • Accueil au Pôle Nature Castelnaud : calendrier de sorties, prêt de guides d’identification.
  • Ouvrage de référence local : “Atlas de la biodiversité de la vallée de la Dordogne” (Ed. CEN Nouvelle-Aquitaine, 2021).

Qu’on soit botaniste aguerri, promeneur du dimanche ou photographe animalier, les sentiers de Castelnaud-La-Chapelle et de ses environs regorgent de découvertes à chaque saison. Rares sont les territoires alliant à ce point beauté des paysages et richesse écologique – un équilibre fragile dont la préservation est l’affaire de tous.

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