Immergez-vous dans le centre historique de Castelnaud-La-Chapelle : secrets, incontournables et petits trésors

8 juin 2025

Un village fortifié aux racines médiévales

C’est d’abord la silhouette du village qui frappe : un enchevêtrement de toits de lauze, des remparts étagés, le château dominant tout, les bras de la Dordogne à ses pieds. Ce site, stratégique dès le Moyen Âge, fut mentionné dès le XIIIe siècle comme place forte disputée lors de la guerre de Cent Ans (chateau-castelnaud.com). Les maisons s’y regroupent à flanc de coteau, formant une sorte d’escargot autour de l’église et du château, avec une quasi-absence de constructions modernes dans le cœur historique.

  • Le saviez-vous ? En 1793, Castelnaud comptait près de 1 100 habitants ; ils sont environ 450 aujourd’hui (INSEE). Mais l’identité villageoise reste très forte.
  • Patrimoine bâti : Le centre compte au moins 18 maisons à colombages et plus de 30 bâtiments en pierre classés ou inscrits à l’inventaire des Monuments historiques (base Mérimée, Ministère de la Culture).

Le Château de Castelnaud : sentinelle de pierre et panorama exceptionnel

Impossible de ne pas commencer par le château, symbole du village et pièce maîtresse du centre historique. Sa silhouette, coiffée de mâchicoulis et de tourelles, se mire dans la rivière en contrebas.

  • Origines : Fondé au XIIe siècle par la famille de Castelnaud, le château devint rapidement un enjeu majeur lors des conflits franco-anglais et changea de mains à maintes reprises (voir « La Guerre de Cent Ans en Périgord » de J.-L. Lemaitre, Sud Ouest Editions, 2006).
  • Visite : Il est réputé pour sa collection unique d’armes et d’armures du Moyen Âge, reconstitutions de machines de guerre (dont un énorme trébuchet sur l’esplanade), mais aussi pour ses vues à couper le souffle sur la vallée.
  • Anecdote : Les enfants du village avaient coutume, dans les années 1960, d’aller assister au lancement de boulets en terre lors de démonstrations sur le trébuchet : spectacle garanti, la tradition se perpétue lors de certaines journées historiques.

Conseils pour la visite :

  • Privilégiez l’ouverture tôt le matin ou au coucher du soleil pour éviter la foule et bénéficier d’une lumière idéale pour vos photos.
  • Accès : le centre historique est piéton ; stationnement conseillé à l’entrée du village.

L’église Saint-Michel-Archange : modeste et millénaire

Juste à côté du château, l’église Saint-Michel surprend par la simplicité de sa silhouette. Elle date pour sa partie la plus ancienne du XIe siècle, remaniée au fil des siècles, et conserve un étonnant portail roman surmonté d’un tympan sculpté.

  • Fait marquant : L’église fut en partie ruinée par les guerres successives et restaurée après la Révolution. Un détail singulier à observer : l’horloge du clocher ne possède qu’une seule aiguille – suivant une coutume ancienne dans le Périgord rural.

Le cimetière attenant :

  • Il abrite des tombes de résistance locale, témoignage du fort ancrage du village dans la Seconde Guerre mondiale (source : mairie de Castelnaud).

Ruelles et passages médiévaux : flâneries au fil du temps

Au-delà des monuments phares, c’est le tissu urbain qui fascine. Le centre historique de Castelnaud-La-Chapelle reste restreint et propice à la déambulation douce. Voici quelques repères à ne pas manquer :

  1. La Grand’Rue : Épine dorsale du village, elle relie la place de l’église au pied du château et aligne demeures en pierre blonde, arcades, escaliers de voûte et encorbellements médiévaux. Repérez au n°8 un linteau trilobé remarquable.
  2. Les escaliers de la Fontaine : Desservant des maisons serrées, ils conduisent à une ancienne fontaine publique, point de rassemblement jadis, dont la vasque date du XVIIe siècle.
  3. La “Rue du bout du monde” : Cul-de-sac ombragé, parfait pour une pause devant la vue sur la vallée du Céou, une sous-affluente de la Dordogne. Au printemps, jasmins et glycines la transforment en galerie aromatique.
  4. Le passage des Templiers : Légende locale : un souterrain aujourd’hui condamné aurait relié le château au hameau voisin de Milandes à l’époque des Croisades.

À noter : la municipalité a répertorié plus de 110 m de passages voûtés, certains d’accès libre, d’autres encore habités (données mairie, 2021).

Maisons remarquables et petits patrimoines : Demeures, pigeonniers, lavoir

La magie de Castelnaud, c’est aussi celle d’un patrimoine de proximité que l’on découvre au hasard des promenades.

  • Le Manoir du Château : Logis à tourelle Renaissance (XVIe s.), qui domine la place carrée face aux remparts. D’anciens habitants racontent qu’un souterrain aurait permis, durant la Révolution, de fuir en cas de danger.
  • Les pigeonniers à lucarne : Typiques des causses du Périgord Noir, ornés de corniches « à modillons », ils rythment le paysage. Certains sont le refuge de chouettes hulotte : la population babille encore de “Paupelhous”, sobriquet des anciens habitants désignant les oiseaux nicheurs.
  • Le lavoir communal (source) : Restauré, c’est un exemple typique de bassin semi-circulaire alimenté par une source souterraine, utilisé jusque dans les années 1970. On y venait dès l’aube “faire la bujade”, à la belle saison essentiellement.

Scènes de vie et traditions : fêtes, marchés, « rumeurs du clocher »

Le centre historique n’est pas figé dans la carte postale : il vibre toujours au rythme d’événements locaux et de traditions vivaces.

  • Marché hebdomadaire (mardi matin de mai à septembre) : Sur la placette centrale, producteurs locaux, maraîchers, fromagers du Périgord, artisans confiseurs : c’est l’occasion de goûter noix fraîches, cabécous et fraises “gariguette” du pays.
  • Nocturne médiévale : Depuis les années 1990, une grande fête médiévale est organisée chaque été autour du château et des rues du centre : costumes, défilés en musique, métiers anciens remis à l’honneur, banquets sous les lampions.
  • “Rumeurs du clocher” : Expression locale pour évoquer les petites nouvelles du village, transmises au lavoir, à la sortie de la messe ou au marché. Jadis, les plus anciens “badaient” dans les venelles pour transmettre ou glaner ces bribes d’actualité presque aussi précieuses que le pain quotidien.

Insolite : chemins cachés et points de vue à ne pas manquer

Castelnaud n’est pas avare de panoramas spectaculaires ni de recoins secrets.

  • Boucle des moulins : Sentier (2,5 km, balisé jaune) qui descend du centre vers la Dordogne, longeant anciens moulins à eau et petits jardins suspendus. On y accède derrière l’église. Infos : rando-dordogne.com
  • Esplanade devant le château : C’est ici qu’a été prise l’une des photos panoramiques les plus célèbres du “Périgord vu du ciel”, cliché signé Yann Arthus-Bertrand.
  • Banc sous la fontaine Saint-Louis : Point de fraîcheur et de repos, souvent ignoré des visiteurs pressés. Tradition locale : y faire un vœu en déposant une pièce de monnaie dans l’eau limpide.

Informations pratiques pour explorer le centre historique

  • Accès : Le centre est entièrement piéton et le stationnement obligatoire se situe à l’écart ; privilégier chaussures confortables, pavés et escaliers sont légion.
  • Horaires de visite : Château ouvert quasi toute l’année ; boutiques, galeries d’art et cafés généralement ouverts d’avril à octobre, certains le week-end en basse saison.
  • Services : Point d’eau, toilettes publiques, bancs ombragés à proximité du lavoir et de la place centrale.
  • Plan : Un plan papier est disponible gratuitement en mairie ou à l’Office de Tourisme (accès sur la place devant l’église).

À noter : en haute saison, une navette relie le parking principal au bas du centre historique les jours de grande affluence (plus d’infos sur perigordnoir-valleedordogne.com).

Et après la visite ?

Un passage par les berges de la Dordogne s’impose pour prolonger la découverte, avec vue sur le château. On peut y louer un canoë ou embarquer sur une gabare traditionnelle. Les ruelles désertes du centre, hors saison, offrent un charme mystérieux, propice à la rêverie. Castelnaud-La-Chapelle sait se livrer par petites touches, au fil de ses venelles et de son actualité, dans le bruissement discret d’un vrai bourg du Périgord Noir.

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